Entre 1942 et 1967, Carl Barks, le Good Duck Artist, a envoyé la famille Duck aux quatre coins du globe. Du toît du monde aux profondeurs des océans, en passant par les déserts africains et les déserts froids des pôles, de l’Amazonie aux Rocheuses, les Duck ont mis une palme sur tous les continents, sans exception. Les personnages de Barks ont voyagé infiniment plus que Barks lui-même.
En pleine seconde guerre mondiale, plus d’un demi-siècle avant l’essor d’internet, rien n’était immédiat. Barks aurait pu se contenter de faire évoluer ses canards dans un “petit monde”, les cantonner à Donaldville, pastiche de l’environnement de l’auteur. Ce n’était pas sa volonté. S’inspirant du succès des aventures de Mickey dépeintes par Gottfredson et ses auteurs, Barks a fait du voyage un thème récurrent dans ses aventures.
Grand lecteur du National Geographic pendant des décennies, Barks était peut être aussi fier de sa collection de magazines que de son œuvre. À travers ce magazine, Barks a pu explorer le monde tout en restant bien au chaud chez lui, comme le font aujourd’hui des milliers de personnes grâce à internet. Le National Geographic lui proposait chaque mois des destinations exotiques où Barks trouva parfois judicieux d’envoyer ses canards.
Carl Barks s’est profondément inspiré de certains articles du National Geographic pour concevoir ses histoires, ses décors. Cet article a pour volonté de rassembler l’ensemble des photographies et illustrations du National Geographic qui ont été reprises par Barks dans ses histoires Disney. Pour cela nous avons procédé à une analyse méthodique de tous les National Geographic de la période 1939-1960. Chaque thème abordé dans le magazine est confronté aux histoires sorties par Barks quelques mois après voire quelques années plus tard. Certaines sources d’inspiration sont évidentes, d’autres moins. C’est à vous de juger !
En mai 1943, Carl Barks envoie Donald et ses neveux en Egypte dans l’histoire L’anneau de la momie. De nombreux décors de cette histoire sont inspirés de lieux réels, représentés quelques années plus tôt dans le National Geographic d’avril 1940.
Le National Geographic d'août 1942 propose un dossier sur le Pérou et les Andes. Quelques mois plus tard, Barks décide d'y envoyer ses canards à la recherche des poules carrées.
En septembre 1944 (publication en janvier 1945), Barks envoie ses canards dans une incroyable aventure au cœur des Everglades. L'inspiration pour cette histoire pourrait provenir des photographies publiées dans le National Geographic de janvier 1940.
Entre avril 1951 et septembre 1952, de nombreuses photographies de l'Indochine sont publiées dans le National Geographic. Ce support a très probablement inspiré Barks lors de la création de La ville aux toits d'or, en mai 1957.
En août 1956, le National Geographic consacre de nombreuses pages à l'Antarctique . Autour de la même période, Barks décide d'envoyer Picsou et ses neveux sur ce même continent, dans l'histoire Une affaire de glace.
La Suisse est au coeur du National Geographic de septembre 1956. Quelques années plus tard, en 1959, Barks envoie Donald, Riri, Fifi et Loulou à l'assaut du Matterhorn, montagne emblématique des Alpes suisses, dans l'histoire L'ascension du Matterhorn.
L'idée de la vallée perdue de Tralla la est probablement venue à Barks suite à la lecture en octobre 1953 d'un article sur la vallée perdue de Hunza au Pakistan, dont les habitants ne connaitraient pas les maladies. Hunza devint Tralla la sous le crayon de Barks, une vallée encore plus fertile où les habitants ne connaissent pas l'argent.
Bien évidemment, le National Geographic n'était pas la seule source d'inspiration de Barks. Il s'est tout autant inspiré des films de son époque et des encyclopédies dont il disposait. Certains documents présents dans cet article n'ont peut être jamais été consultés par Barks. Mais ça, on ne le saura jamais...