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Suite de Le crépuscule des héros

Ferme de Grand-mère Donald. 4 janvier 1956

Donald sleeping

Un réveil difficile pour notre canard !

« -Donald ? Comment te sens-tu ?
-Hmm... Très bien... »
Le canard en vareuse du marin se tira péniblement du lit. Sa grand-mère, qui était venue tirer les rideaux, l'observait d'un air inquiet.
« -Tu faisais un cauchemar, mon Donny ?, interrogea Elvire.
-Non... enfin si, soupira-t-il. J'en fais souvent depuis...
-Depuis Noël dernier, je vois. C'est tout à fait normal. »
Donald s'assied sur le matelas, se frotta les yeux le temps de s'habituer à la lumière. Il marmonna :
« -Quelle heure est-il ?
-Dix heures, Donald. Tu sais, ça ne sert à rien de te lever aussi tard si c'est pour faire des cauchemars, le taquina la vieille fermière qui ne s'était jamais levée une seule fois de sa vie après six heures du matin.
-J'ai encore rêvé de... de...
-Gracié, je suppose ?
-Oui... Plus que sa révélation, c'est le voir aussi faible et mourant qui m'a perturbé... Trop de gens meurent, en ce moment...
-C'est la vie. Les petits, comment est-ce qu'ils dorment ?
-Assez bien, apparemment. Ils tiennent plutôt bien le coup. Ils doivent tenir de l'onc' Picsou sa capacité à toujours aller de l'avant, murmura-t-il malicieusement.
-C'est sans doute pour ça qu'ils seront ses héritiers », pensa à haute voix Elvire, qui dissimulait assez mal son angoisse.

Riri, Fifi et Loulou Duck 6

Les petits-neveux de Picsou sont-ils prêts à prendre sa succession ?

Donald n'avait pas envie de penser à ce sujet tout de suite. La lecture du testament aurait lieu le lendemain et il sentait une pression énorme s'emparer progressivement de tout son être. Personne ne savait qui serait l'héritier de l'homme le plus riche du monde, même si tous les yeux étaient bien entendus braqués sur Riri, Fifi et Loulou, les grands favoris. Donald savait que, si cela venait à se confirmer, ses neveux deviendraient les hommes les plus riches du monde et que leur vie ne serait plus jamais comme avant. Réussirait-il encore à être un tuteur à la hauteur, avec un tel défi à relever ? Parviendrait-il à continuer à élever ses neveux avec simplicité et intégrité, comme il l'avait toujours fait ?

« -Je sais à quoi tu penses, Donny, murmura tristement Elvire. Moi aussi, je suis inquiète. Ils ne sont pas encore prêts pour ça. Tu penses qu'ils ont conscience de ce qui les attend ?
-Non. Ils s'imaginent que ça ne va être qu'une aventure de plus, un défi excitant. Ils ne saisissent pas la complexité de la tâche qui les attend.
-Ils n'ont pas entièrement tort, estima raisonnablement Elvire. C'est exactement comme ça que l'envisageait Balthazar : une aventure, un défi.
-Oui, mais tout le monde n'a pas les nerfs d'acier de Balthazar Picsou !, répliqua Donald en enfilant sa vareuse derrière une serviette. Ni son sens des affaires. Ni sa capacité à gérer les crises, les situations urgentes, … Eux, ils sont encore à lire des comics et à rire devant la télé !
-Et à partir dans d'improbables chasses au trésor partout autour du monde, compléta Grand-mère Donald.
-Oui. Mais... »

Leur conversation fut interrompue par l'arrivée tonitruante d'un jeune dandy qui, malgré quelques cernes qu'il peinait à cacher, s'efforçait d'afficher un air bienheureux et sarcastique, comme toujours.
« -Bonjour, Grand-mère ! Dis, je suis en train de préparer mes affaires pour demain : penses-tu que je devrais porter ma traditionnelle tenue verte ou une tenue plus sobre (mais tout aussi élégante, à mon image) noire ?
-Plutôt noire. Je pense qu'il vaut mieux rester sobre, on est en deuil, conseilla froidement Elvire, irritée par les soucis très matérialistes du veinard.
-Bonjour, cousin Gontran », feula Donald qui détestait qu'on fasse comme s'il n'existait pas. Son cousin baissa les yeux vers le jeune canard, simulant la surprise. Mon Dieu mais qu'est-ce qu'il est agaçant... ragea Donald.
« -Bonjour, cousin Donald. Comment vas-tu ?, demanda poliment le dandy d'un ton à peu près aussi intéressé que si on était en train de lui parler de la reproduction des bactéries en milieu humide.
-Oh, très bien, pourquoi ça n'irait pas bien ? Tout va à merveille en ce moment », ironisa le canard en vareuse.

Il fut très surpris de voir Gontran s'approcher de lui et lui murmurer sous les yeux soupçonneux de leur grand-mère « Est-ce qu'on pourrait parler entre nous de quelque chose de très important, cousin ? ». Les deux canards sortirent de la pièce et allèrent parler dans la cuisine, à l'abri des oreilles indiscrètes. Gontran posa sa main sur la table comme pour se donner une contenance et murmura à un Donald un brin déconcerté :

Gontran Bonheur 13

« -Cousin... Demain, comme tu ne l'ignores pas, nous allons procéder à la lecture du testament.
-Tu m'apprends quelque chose, répliqua le jeune canard en simulant la surprise.
-Quelle est ton hypothèse à son propos ?
-Est-ce que je suis dans la tête d'onc' Picsou ?, se braqua Donald.
-Voyons, voyons, mon cher cousin, tenta Gontran d'un ton faussement paternaliste. Nous savons tous qui seront les héritiers d'onc' Picsou. Il n'y a aucun suspense. »
Cette vérité évidente était d'autant plus insupportable lorsque c'était Gontran qui l'énonçait. Et il ne s'arrêta pas là :
« Mais, comme ils sont mineurs, ils ne pourront pas encore prendre le relais de notre oncle dans la gestion de ses affaires. Et devine qui en sera chargé, en attendant qu'ils deviennent majeurs ?... »
Donald sentit, et cela arrivait très souvent chez lui, la moutarde lui monter au bec. C'était uniquement pour se vanter que Gontran l'avait amené ici « discuter d'un sujet important » ? Il s'apprêtait à hurler une réplique cinglante lorsque son cousin lui asséna :
« Ta vie ne sera plus jamais la même, avec de telles responsabilités. »
La réplique cinglante se retrouva coincée dans le bec de Donald, qui s'était attendu à tout sauf à cette réponse. Il dut alors se contenter d'un balbutiement nettement moins spectaculaire :
« -Mais... Mais... Ta chance...
-Voyons, Donald, tu as toujours été son préféré, et ma chance n'y changera rien. Je ne me fais pas beaucoup d'illusions. Je m'attends à une jolie part d'héritage, mais l'onc' Picsou m'a étrangement toujours tenu en moins haute estime que toi, et je ne crois pas que j'hériterai de compétences particulières. Mais au fond, tu sais, moi, occuper des fonctions... Je trouve ça trop fatiguant.
-Tu penses donc que c'est moi qui vais devoir gérer son ar...
-Et qui d'autre ? Popop ? », s'esclaffa Gontran.
Le canard en vareuse de marin était un peu abasourdi. Lui, gérer la plus grosse fortune du monde ? Mais c'était bien trop de responsabilités !

Avant même qu'il ait pu réaliser la portée de ce que venait de lui infliger Gontran, la voix de ce dernier le ramena à des sujets bien plus terre-à-terre.
« -Je suis surpris de voir que tu ne t'y attendais pas. Bref, Donald, il est temps de passer au sujet important.
-Et quel est-il ?, susurra Donald, s'attendant au pire.
-Daisy. »
Une vipère aurait mordu le pied de Donald que celui-ci n'aurait pas fait une aussi belle grimace crispée. Qu'est-ce que ce rapace allait encore infliger à son couple ?
« -Pendant plusieurs années, jusqu'à ce que Riri, Fifi et Loulou soient prêts, tu vas passer tout ton temps à gérer la fortune de l'onc' Picsou. Tu vas être extrêmement occupé. Tu n'auras plus de temps libre, plus de vie à toi. Tu vivras dans le stress et la paranoïa en permanence, car tu n'es pas un homme d'affaires dans l'âme comme l'était notre cher oncle.
-Oui, et donc, que vient faire Daisy dans toute cette histoire ?, s'agaça Donald, de plus en plus irrité.
-Je pense que tu devrais, donc, rompre tes fiançailles avec Daisy et la laisser m'épouser.
-JE TE DEMANDE PARDON ????? », hurla le canard, cherchant des yeux s'il n'y avait pas un objet dans la cuisine qui pourrait potentiellement faire souffrir Gontran de la manière la plus douloureuse possible.

Gontran, comme s'il avait lu dans les pensées de Donald, recula de quelques pas et continua, sur un ton nettement moins assuré :
« -Tu n'auras plus de temps à lui consacrer... Votre couple n'était déjà pas bien folichon... Elle serait beaucoup plus heureuse avec moi, car, moi, j'aurais conservé ma lib...
-Gontran, que ça soit bien clair, s'énerva Donald, il est hors de question que je rompe mes fiançailles avec Daisy ! Hors de question ! Je n'aurai qu'un rôle de transition, et contrairement à ce que tu sembles croire je ferai tout pour ne pas être enfermé dans ma nouvelle fonction !
-Voyons, Donald. Laisse-la m'épous...
-Arrête de dire que je dois « la laisser » t'épouser ! Si elle s'est fiancée à moi, c'est que c'est moi qu'elle veut, et pas toi ! Tu crois peut-être que je l'ai forcée à sortir avec moi ? Tu n'es qu'un flirt, Gontran, elle ne ressent strictement rien pour toi ! Tu n'es qu'un élément perturbateur destiné à pimenter notre relation, mais dès que je l'aurai épousée...
-Tu ne l'épouseras pas, rétorqua le cousin qui recula néanmoins de plusieurs pas encore.
-Je l'épouserai, tu m'entends ? Je l'épouserai même avant que Riri, Fifi et Loulou soient majeurs ! Juste pour te prouver que tu as tort !
-Qui a crié ? »

Hr-Hortense fâchée

Les deux canards se retournèrent. Hortense était dans l'entrée de la cuisine en chemise de nuit, mal réveillée, les yeux mi-clos, un plumeau solidement serré dans son petit poignet ferme. Donald sentit sa bravoure s'enfuir par la petite porte, et marmonna :
« -C'est moi... Mais...
-Bien, le coupa calmement Hortense en brandissant son plumeau. Tourne-toi, que ton derrière garde un souvenir impérissable du matin où tu as réveillé en sursaut ta pauvre mère qui ne demande qu'un peu de repos en ce moment.
-Mais...
-Tourne-toi !!!
-Mais maman, il m'a dit que Daisy...
-QUOI ? Qu'a-t-il encore dit sur ton couple, mon fils ?, répondit Hortense sans baisser de ton, son attention tout à coup entièrement portée sur le dandy qui tremblait à l'autre bout de la cuisine.
-Il a dit que je devrais rompre mes fiançailles pour qu'il puisse épouser Daisy, rapporta impitoyablement Donald.
-Bien, mon Donny, tu es pardonné. Gontran, tourne-toi. »

Matilda entra à son tour, elle aussi mal réveillée mais un peu plus digne, alors que Hortense s'avançait d'un pas menaçant, plumeau en main, vers celui qui se demandait désespérément où était passée sa chance.
« -Pourquoi vous vous disputez encore ?, soupira la cane.
-Il a encore tenté de chiper Daisy à mon Donny, et il va donc avoir droit à son juste châtiment, rugit Hortense en analysant des yeux sa victime, se demandant visiblement si des coups sur la tête auraient plus d'effet que sur le postérieur.
-La famille ferait mieux de rester unie, déplora Elvire en entrant dans la cuisine. On a une lecture de testament demain, pour rappel.
-Tu crois vraiment que ça ne me met pas dans un état de grande angoisse, Belle-maman ? », murmura Hortense, avant de se concentrer à nouveau sur l'analyse de sa future victime, littéralement pétrifiée.

Matilda, comme souvent étrangère au chaos environnant, ouvrit avec lassitude le journal, posé sur la table.
« -C'est Le Grillon qui parle ?, demanda Donald plus par politesse que par réel intérêt.
-Oui. »
Elle parcourut rapidement les premières pages d'un regard blasé, puis se concentra sur un long article qui, au fur et à mesure de la lecture, semblait lui procurer une irritation de plus en plus grande. Elle finit par reposer le journal sur la table et s'exclama, très énervée :
« Regardez ça ! Je n'ai jamais vu un tel malotru que... »

Donald posa les yeux sur le titre de l'article. En fait, c'était une interview :
JOHN FLAIRSOU S'EXPRIME : « LA MORT DE BALTHAZAR PICSOU EST UN TERRIBLE DRAME » PAR BRICE SANSCRUPUL
Suivait une longue interview où Flairsou, devenu de facto l'homme le plus riche du monde en attendant la désignation officielle de l'héritier de la fortune de Picsou, exprimait des condoléances d'une sincérité bien évidemment incontestable suite à la mort de son pire rival. Mais le pire résidait dans la réponse à la dernière question : en effet, Flairsou y déclare que, « dans le cas très probable où les héritiers du regretté M. Picsou seraient encore mineurs, alors la gestion de ses affaires sera confiée à un adulte de son entourage. Et, croyez-en mon expérience, je suis au regret de vous annoncer que les deux adultes qui me semblent les mieux placés pour prendre cette succession sont des incapables autant l'un que l'autre : un chanceux paresseux et un moins-que-rien irascible. Si l'un de ces deux-là venait à prendre le leadership des affaires de feu Balthazar Picsou, alors je crains une faillite de la plupart de ses usines. Heureusement, je serai là pour ré-investir dans ces affaires si besoin, et empêcher ainsi un grand nombre de licenciements. Vous me connaissez, j'aime faire le bien autour de moi. »

Gontran, soulagé de n'avoir finalement pas eu droit au plumeau de sa tante qui préférait à ce moment-là hurler sa haine contre Flairsou, résuma :
« -Donc, si j'ai bien compris, il se tient à l'affût pour récupérer toutes les affaires de l'onc' Picsou en misant sur une hypothétique faillite générale.
-Voilà », confirma Elvire, tremblante de fureur.
Donald ne parlait plus. Il était très blessé par cette interview, qui ne faisait que confirmer sa peur concernant les pressions que devraient affronter ses neveux. Il en relut rapidement certains passages et eut l'image très nette d'un rapace tournoyant sournoisement à la recherche d'un cadavre.

Matilda se leva et déclara d'une voix forte :

04rockerduck

Flairsou compte bien profiter de la mort de Picsou...

« -Nous allons lui prouver que nous sommes plus forts que lui. Nous sommes une famille et, malgré nos différences, nous serons toujours une famille. Il ne pourra même pas approcher une seule entreprise de Zazar.
-Oui ! », approuva Elvire, et l'ambiance dans la cuisine redevint plus agréable.
La détermination se lisait dans chacun des regards. Oui, ils seraient unis pour sauver l'héritage de l'oncle Picsou. Oui, ils seraient plus forts que tous les obstacles qu'ils pourraient rencontrer sur leur chemin. Ils étaient bien décidé à ce que la devise de Balthazar Picsou devienne leur devise, et ce pour toujours.
J'ai été plus dur que les gros durs, plus malin que les petits malins et j'ai réussi honnêtement !

A suivre dans Dernières volontés

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