Attention. Le texte qui suit dévoile certains moments-clés de l’intrigue du récit.
Prologue[]
Picsou cherche des informations dans de vieux grimoires sur la fabuleuse pierre philosophale, qui aurait le pouvoir de change les métaux en or, par simple contact. Un vieil alchimiste aurait trouvé le secret de la fabrication de la pierre philosophale, en unissant du mercure au souffre et d'autres substances. Picsou espère la trouver là, où elle y était, il y a 845 ans, et convoque son neveu pour qu'il entreprenne avec lui la quête de la boule génératrice d'or.
En croisière[]
Nous retrouvons Picsou et Donald, rejoints par Riri, Fifi et Loulou. Ils sont en route pour l'Allemagne, pour visiter un vieux château de la Forêt-Noire. En lisant le grimoire sur le bateau, Donald s'étonne d'aller en Allemagne alors que la pierre aurait été vue pour la dernière fois en Palestine. Picsou lui explique : dans un autre livre, il a lu qu'un chevalier rentré des croisades se serait arrêté dans le vieux château pour la nuit et aurait payé sa pension avec une curieuse pierre jaune… provenant de Palestine ! Le reste de la croisière se passe sans histoire et Picsou et ses neveux arrivent à destination.
La Forêt-Noire[]
Il s'agit d'un vieux château tombant presque en ruines que Picsou et ses neveux vont visiter. Ils commencent par chercher des traces de poussière d'or qui auraient étés laissés par la pierre à l'aide d'une loupe. Un des canetons aperçoit alors une table couverte d'or ! Picsou confirme qu'il s'agit d'or pur et nos amis commencent à chercher dans la pièce pour essayer de trouver la cachette de la pierre. Picsou se rappelle qu'au Moyen-Age, les gens creusaient des niches dans les murs. C'est finalement Loulou qui trouve la cachette secrète, sur la suggestion de Picsou. Il affirme que quelque chose brille au fond ! Picsou plonge sa main dans la niche, mais il ne s'agit en réalité que d'un parchemin écrit en latin. Le vieil avare le lit, mais il s'effondre quelques secondes après, désespéré. Le parchemin indique que la pierre a été emportée à Rome par un étudiant pour être montrée au pape. Impossible de la retrouver là-bas après toutes ces années. Ils remettent donc le parchemin en place et ressortent du château. Ils croisent alors un curieux petit barbu qu'ils ont déjà vu sur le bateau et qui se met aussi à fouiller la vieille bâtisse. Picsou, qui ne veut laisser personne le devancer, décide alors de se rendre à Rome, si mince soient ses chances, pour retrouver la trace de la pierre.
Une fois en Italie, Picsou et ses neveux commencent à faire le tour des bibliothèques pour consulter les archives de la ville. Ils finissent par trouver : l'étudiant a séjourné à Rome vers 1110. Il avait sur lui une curieuse pierre jaune enveloppée dans des chiffons. Mais il s'était fait attaqué en sortant du port par une bande de pirates siciliens qui lui dérobèrent sa pierre ! Cette fois, il n'y a vraiment plus d'espoir. Picsou envisage sérieusement d'abandonner et de rentrer, mais ils voient le petit barbu à lunettes entrer dans la bibliothèque, lui aussi sur les traces de la pierre. Ils partent donc pour la Sicile, pour empêcher le petit barbu d'y arriver avant eux.
Le repaire des pirates en Sicile[]
Picsou et ses neveux se mettent en route pour la Sicile. Sur le chemin, ils se posent la question de savoir ou non si les pirates ont vendu la pierre, sauf s'ils se sont aperçus de ses pouvoirs. Sur place, ils trouvent le repaire des pirates grâce à l'aide d'une archiviste. Il s'agit d'une grotte de l'île que l'on atteint en barque. Ils commencent à la fouiller et trouvent des parcelles d'or sur le sol ainsi qu'une inscription en arabe. Picsou la traduit : les pirates Siciliens se sont fait voler la pierre par d'autres pirates, barbaresques cette fois. Ceux-ci ont gagné Damas pour offrir la pierre à leur calife. Picsou et ses neveux, effondrés, ressortent de la grotte et voient, comme ça devient une habitude maintenant, le petit barbu qui vogue vers la grotte en barque. Picsou manifeste son agacement vis à vis de ce petit bonhomme, qui devient insolent.
Picsou se rend donc à Damas, toujours en compagnie de ses neveux. Malheureusement, le bibliothécaire ne trouve rien dans ses archives et suggère à Picsou de se rendre à Bagdad. Même chose là-bas, rien dans les archives. Les pirates ont peut-être fait halte en Crète, suggère l'archiviste. Picsou et ses neveux suivent le conseil et gagnent la Crète.
Picsou commence vraiment à perdre espoir : rien dans les archives de Crète. Mais ils ne sont pas les seuls : le petit barbu semble lui aussi n'être plus aussi sûr de lui. Pour se distraire en attendant le bateau du retour, Riri, Fifi et Loulou consultent le Manuel des Castors Juniors au sujet de la Crète. Ils tombent alors par un hasard sur une information très intéressante : la Crète était le quartier général des pirates barbaresques; leur repaire était dans une grotte nommée Le Labyrinthe ! Ils en informent leurs oncles mais ceux-ci affirment alors que le Labyrinthe n'est qu'une légende, un mythe grec. Ils leur racontent alors la légende de Thésée, du Minotaure et du Fil d'Ariane. Le Minotaure était un monstre mi-homme, mi-taureau à qui on donnait de jeunes gens en pâture. Mais un héros grec, Thésée, pénétra dans le Labyrinthe et tua le Minotaure. Pour ressortir du dédale, il utilisa une bobine de fil que lui avait donné la princesse Ariane. Mais il ne s'agit que d'une fable, un conte, rappelle Donald. Cependant, les enfants insistent et disent que le manuel situe avec précision le repaire : il se trouve près des ruines du palais du roi Minos. Mais un séisme en a bouché l'entrée il y a plusieurs siècles. Ça ne coûte rien d'aller y jeter un coup d’œil !
L'entrée du Labyrinthe[]
Ils arrivent devant les ruines et y trouvent une vieille inscription qui indiquerait, selon le Manuel, l'emplacement du Labyrinthe ! Mais il paraît que personne n'a jamais pu la déchiffrer. Picsou et ses neveux aperçoivent alors encore une fois l'homme à la barbiche. Il perd patience devant l'inscription, cette fois, et essaye tant bien que mal de la traduire. Jetant son guide de rage, il abandonne et dit "adieu" à Picsou. Le champ est libre, enfin ! Même si ça ne mène nulle part, ironise le multimilliardaire. Les enfants contredisent leur oncle, pleins de fierté : ils ont traduit l'inscription, grâce au Manuel ! L'entrée se trouve sous un mur en ruine du palais. Ils attendent la nuit et commencent à déblayer le passage, en prenant garde de ne pas attirer l'attention.
Pour cette histoire, Barks s'inspire de la légende de la pierre philosophale. Le magnat de Donaldville n'est en effet pas le premier à s'y intéresser. Au XVIIe siècle par exemple, le médecin et alchimiste flamand Jean-Baptiste Van Helmont déclarait l'avoir vue et manipulée plusieurs fois. « Je l'ai touchée de mes mains. Elle avait la couleur de la poudre de safran, mais elle était plus compacte, et elle brillait comme du verre pilé. Je la posai dans un creuset et l'appuyai sur du vif-argent, et celui-ci cessa de bouillir; après qu'il fut versé, il y avait huit onces et onze grammes d'or pur. »
Même Descartes, Leibniz et Newton avaient foi dans les possibilités de l'alchimie de transmuter les métaux.
Plus pragmatique, l'écrivain public parisien Nicolas Flamel se serait, vers 1830, fabriqué une pierre philosophale après en avoir déchiffré la formule dans le Livre d'Abraham, dont il était entré en possession par hasard. Et s'il s'agissait du même livre que Picsou consulte au début de l'aventure imaginée par Barks ? Ce lourd volume à la reliure épaisse « écrit à la mine de plomb sur des feuilles d'écorce, étrangement colorée [...] avait été écrit pour aider les Juifs de France à payer les taxes de l'Empire en leur apprenant à transformer en or les métaux sans valeur », selon Flamel.
Quant à l'origine de la pierre, plusieurs légendes racontent que, il y a deux milles ans, les Arabes apprirent dans l'Antique Égypte un savoir particulier, l'alchimie (al khemiia, littéralement l'art de la terre de Khem, nom arabe de l’Égypte). Ils l'amenèrent en Europe au Moyen-Age. Le projet philosophique de cette discipline, entre magie et chimie, visait à transformer l'homme (matière brute) en une sorte de demi-dieu, dont le symbole était la célèbre pierre philosophale. Cependant, dépouillée de ses oripeaux symboliques, la pierre miraculeuse aurait eu, beaucoup plus prosaïquement, le pouvoir de transformer les métaux vils en or, en vertu d'influence magique et avec l'ajout de préparations chimiques. De là, la pierre aurait pu atterrir dans le palais du roi Salomon, et, bien sûr, dans les trésors réunis par les Templiers, ceux-ci étant entrés en possession de toutes les richesses contenues dans le palais du roi de Jérusalem.
Cette idée de transformer les métaux en un autre n'est pas aussi farfelue qu'il n'y paraît. Les techniques modernes permettent de changer réellement le plomb en or, le vieux rêve des alchimistes. Mais une telle opération, qui nécessite de chauffer le plomb à sa température de fusion avant de le faire passer dans un champ électromagnétique, puis dans un cyclotron, ne permet d'obtenir qu'une quantité infime d'or, pour un coût beaucoup plus élevé que sa valeur. La pierre philosophale n'est pas encore inventée !
La légende de Thésée et du fil d'Ariane[]
Les pérégrinations européennes de Picsou et ses neveux à la recherche de la pierre philosophale vont les mener jusqu'en Crète, où ils découvrent l'entrée du labyrinthe construit par Dédale pour le roi Minos. C'est là que le jeune athénien Thésée avait rencontré le Minotaure, une épouvantable créature mi-homme, mi-taureau, qui avait la fâcheuse habitude de dévorer ceux qui s'aventuraient dans son tortueux domaine, et à qui on donnait chaque année des jeunes hommes et des jeunes filles de l'île en sacrifice.
Selon la légende, Thésée le tua et réussit à retrouver la sortie en suivant un fil que lui avait donné Ariane, la fille du richissime roi Minos. En réalité, Minos était un roi cruel et sans pitié, qui était à l'origine de la création du Minotaure (d'où la fusion des deux noms Minos et taureau) mais qu'il ne contrôla plus ensuite. Il demanda donc à Dédale de construire le labyrinthe pour enfermer sa monstrueuse création.
Mais une fois encore, Carl Barks "dégonfle" les mythes qui, dans l'Antiquité, célébraient la gloire et la richesse, en montrant les aspects moins exaltants. La verve satirique du grand conteur de l'Oregon s'exerce aux dépens de ce qui, dans le passé, était environné d'une aura sacrée, et qu'il dénonce comme une tromperie. Aux aspects irrationnels des mythes, Barks préfère les explications plus raisonnables et amusantes. Il montre ainsi que, quel que soit le mythe traité (ou maltraité), tout ce qui brille n'est pas or.
Le personnage de monsieur Barbedrue[]
Dans La Pierre philosophale, Barks invente un adversaire comique pour Picsou : un petit français barbu qu'il baptise monsieur Matressface (monsieur est en français dans le texte). Matressface voulant littéralement dire Face-de-matelas, il est probable que l'auteur a vu dans sa barbe abondante une analogie avec le crin, fibre végétale ou animale plus guère utilisée de nos jours mais courante à son époque, entre autres pour le rembourrage de matelas. C'est sans doute pourquoi, dans la version française, le personnage s'appelle monsieur Barbedrue, bien qu'il fut traduit dans l'une des premières éditions françaises par monsieur Dutoc. A ce petit bonhomme loufoque aux verres de lunettes épais comme des culs de bouteilles, Don Rosa donnera un prénom, Maurice, et il le mettra au service d'un autre français, Monsieur Molay, dans les histoires La Couronne des croisés et Une lettre de la maison réalisées pour le groupe éditorial danois Egmont, où le supérieur de monsieur Barbedrue dirige une étrange organisation financière, le C.M.I. (Conseil Monétaire International), dont le siège est à Paris, et qui a pour but - explique Molay - l'enregistrement de tout trésor de grande valeur qui pourrait bouleverser l'ordre mondial. Il s'avérera en fin de compte que monsieur Molay est le grand maître du Conseil, autrefois appelé la Banque des Templiers. Son patronyme aurait dû mettre la puce à l'oreille de Picsou : Jacques Molay avait été le grand maître de l'ordre. Même monsieur Barbedrue se révèle être un templier, son crâne rasé et sa barbe étant un usage de l'ordre.
Nombreuses rééditions[]
La Pierre Philosophale fut la première histoire de Picsou par Barks pour Uncle Scrooge à être rééditée dans la même série, douze ans après la première publication, assortie de la mention reprinted by popular demand (réédité à la demande générale). Elle fut aussi reprise dans le numéro 253, d'avril 1991. Exactement vingt ans après, elle est encore rééditée, cette fois dans le numéro 402 d'avril 2011.
La pierre philosophale réutilisée[]
Dans l'histoire The Golden Touch (code Inducks W WDC 249-05P) de Carl Fallberg et Paul Murry, datant de 1961, la pierre philosophale est réutilisée. Cette fois, ce sont Mickey et Dingo qui se mettent en quête de l'objet, pour le compte du musée de Mickeyville. Il semble qu'il s'agisse d'une autre pierre semblable à celle de l'histoire de Barks et non la même, puisqu'elle est encore cachée dans un vieux bâtiment niché au cœur du désert. Elle possède néanmoins des propriétés similaires, puisque Pat Hibulaire ne renoncera à la pierre qu'il avait volé que parce qu'il commence à se changer en or (de même que Picsou dans l'histoire de Barks).
Dans The Crown Of The Crusader Kings (code Inducks D 2001-024) de Keno Don Rosa, datant de 2001, et dans sa suite A Letter From Home (code Inducks D 2003-081) du même auteur, datant de 2004, Balthazar Picsou montre une certaine nostalgie de la Pierre Philosophale lorsqu'il la retrouve dans les bureaux du C.M.I. (Conseil Monétaire International), et Molay et M. Barbedrue se servent plusieurs fois de la pierre pour rendre du métal mou et le briser ou le tordre facilement pour voler ou s'évader (plusieurs barreaux de cages et de fenêtres, une serrure, une chaîne), en prenant soin de manipuler la pierre avec des gants, ce qui ralentit la transmutation.