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The New Spirit est un dessin animé du personnage Donald Duck au service de la propagande, produit par les studios Disney et sorti le 23 janvier 1942 aux États-Unis.

Synopsis[]

The New Spirit s'ouvre avec Donald en train d'écouter la radio, une radio qui déclare sérieusement: « Nos propres côtes ont été attaquées ». C'est ainsi que Donald apprend qu'il doit jouer son rôle de citoyen en devant payer treize dollars d'impôt qu'il doit sur son revenu de deux milles neuf cents dollars. Donald, impatient de servir son pays, remplit le formulaire et porte son argent lui-même à Washington en traversant tous les États-Unis depuis la Californie.

Là, les piles de pièces se transforment en cheminées ainsi Donald peut voir, avec beaucoup de considération, ses impôts au travail. Puis, le dessin animé dépeint les usines de guerre crachant du feu avec fierté et défiance, travaillant sans relâche à combattre des avions, bateaux et sous-marins nazis. Alors que l'aviation et la marine sont détruites par la puissance américaine, la radio affirme dans un leitmotiv « Des impôts pour couler l'Axe facho ! »... « Des impôts pour enterrer l'Axe facho ! »... « Des impôts pour éradiquer de la terre les forces du mal destructrices de la liberté et de la paix ! »

Au fur et à mesure que la fumée du dernier sous-marin ennemi se dissipe et aux accents du thème de la victoire de la Cinquième Symphonie de Beethoven, le ciel se transforme en une glorieuse bannière étoilée. « Les impôts garderont la démocratie d'Amérique en marche » assure la voix de la radio, avec un refrain de Yankee Doodle Spirit chanté par Cliff Edwards, qui gronde derrière une armée de tanks.

En coulisses[]

A la fin de l'année 1941, Walt Disney est invité à rencontrer à Washington le Secrétaire du Département du Trésor, Henry J. Morganthau. Il suppose alors que le rendez-vous est en rapport avec la campagne du gouvernement pour vendre des bonds de guerre. En fait, il n'en est rien. La réunion à laquelle se joint également Guy Helvering, Commissaire aux Revenues Internes, a un tout autre objet.

L'administration fédérale, par la bouche de ses deux représentants, exprime, en effet, son intention de promouvoir un formulaire d'impôt entièrement remanié, destiné à faciliter le recouvrement et toucher plus de quinze millions de nouveaux contribuables. L'idée d'utiliser un cartoon pour populariser la nouvelle méthode de déclaration est arrêtée, le choix s'étant porté pour sa réalisation sur les studios Disney. Comme souvent dans les campagnes du gouvernement, encore plus en temps de guerre, les délais sont très courts. La livraison doit, il est vrai, intervenir avant la fin du mois de février 1942 pour que le film soit diffusé dans les cinémas avant la date d'échéance du paiement des impôts, soit le 15 mars de la même année.

Donald Duck The New Spirit

Donald dans The New Spirit.

En ce 18 décembre 1941, Walt Disney ne cache pas son scepticisme, à la fois sur le peu de temps dévolu à la réalisation mais aussi sur l'importance du budget qui en découle, estimé à quarante-trois mille dollars, une somme rondelette à l'époque. Henry J. Morganthau ne voit aucune opposition particulière et donne son accord verbal. Aucun contrat n'est établi, seule une lettre d'intention (future source de bien des soucis) est expédiée, quelques jours plus tard.

De retour en Californie, Walt Disney convoque Joe Grant et Dick Huemer qu'il sait en train de travailler sur une histoire où Donald Duck, en tant que citoyen lambda, tente d'échapper à l'impôt jusqu'au moment où il prend conscience que son pays a besoin de cet argent pour l'effort de guerre. Quand le story-board du cartoon, intitulé The New Spirit, est bouclé, le papa de Mickey retourne aussitôt, avec ses deux scénaristes, à Washington pour le présenter au Secrétaire Henry J. Morganthau. Seul Walt Disney est finalement autorisé à pénétrer dans son bureau. A l'aide des esquisses scénarisées, il mime alors le cartoon, expliquant comment Donald se prépare à remplir sa déclaration habituelle, calculatrice et cachets d'aspirine à proximité, quand le nouveau formulaire lui est proposé pour lui simplifier grandement la tache. Il n'a, en effet, juste qu'à renseigner ses revenus, soustraire les personnes à sa charge (Riri, Fifi et Loulou, bien sûr) et poster sa déclaration.

The New Spirit affiche

Affiche du court métrage.

Henry J. Morganthau exprime son manque d'enthousiasme. Il espérait, en effet, voir Disney créer une personnage tout spécialement pour la campagne, qu'il imaginait en « Monsieur le Bon Contribuable » au lieu de réutiliser un personnage du studio. Pire, son assistante ajoute que Donald ne fait pas partie de ses préférés. Walt Disney ne se laisse pas pour autant impressionner. Il précise, un brin sarcastique, qu'il est franchement désolé de constater que Donald n'est pas du goût de l'assistante mais que le public, lui, au contraire, le plébiscite. En outre, il insiste sur le fait que mettre son personnage au service du gouvernement revenait à voir la MGM lui donner « Clark Gable ». Enfin, il précise que cette opération est mauvaise pour sa firme d'un point de vue financier puisque les cinémas qui diffuseront ce film publicitaire le feront à la place d'un cartoon officiel du célèbre canard.

Henry J. Morganthau n'a pas vraiment le temps de mégoter. Il accepte donc à contre cœur The New Spirit. Wilfred Jackson et Ben Sharpsteen se voient ainsi chargés chez Disney de la réalisation qui ne s'avère pas de tout repos tant les détails à prendre en compte sont légions. Zappant plusieurs étapes dans l'animation, le cartoon est toutefois livré dans les temps. Le résultat n'en reste pas moins spectaculaire. Non seulement, il est nominé à l'Oscar du Meilleur Documentaire mais son impact est tel que les rentrées fiscales dépassent de loin toutes les espérances. Un sondage montre même que 37% des Américains l'ayant vu ont acquitté leurs impôts immédiatement. Une fois de plus, le Maître de l'animation a vu juste. A tel point, d'ailleurs, que le gouvernement commande l'année suivante, une suite, The Spirit of '43.

The New Spirit n'est pourtant pas une bonne affaire. Son impact est, en effet, négatif sur les finances de la compagnie de Mickey Mouse. Déjà, comme Walt Disney le craignait, le cartoon squatte l'écran dans la mesure où les cinémas le propose en lieu et place du Donald Duck officiel. L'opération est d'ailleurs juteuse pour les salles puisque, s'agissant d'une campagne publicitaire, elles se voient rémunérées pour diffuser ce que le grand public perçoit, lui, comme un simple cartoon de Donald. Ensuite, Walt Disney a toute les peines du monde à se faire payer par le gouvernement.

D'ailleurs, s'il reçoit finalement, avec beaucoup de retard, les quarante-trois mille dollars stipulés dans la lettre d'intention (sans grand rapport avec le coût réel du cartoon établi à quatre-vingts-trois mille dollars), il se retrouve, en plus, bien malgré lui, au milieu d'une féroce campagne politique de dénigrement. Il est en effet, accusé de vouloir faire de l'argent sur le dos de la guerre de façon bien peu citoyenne. Avoir prêté une de ses stars ne lui aura donc rien apporté de bien positif. Pourtant, fervent patriote, Walt Disney passe pour pertes et profits ces désagréments et se déclare, contre vents et marées, fier d'avoir servi son pays.

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